Franco Onweb nous fait l’honneur partager sa vision sur les titres des Fils de Joie
Il existe plusieurs sortes de groupes de rock, ceux pour qui c’est le rock ou l’usine, ceux pour qui c’est la fac et/ou le rock, les révoltés et enfin une catégorie, très importante mais peu connue : ceux qui sont en rupture ! Les Fils de Joie font partie de cette dernière catégorie !
« Allongé sur la dune » fait partie des titres qui ont marqué la carrière des Fils de Joie. Il s’agit de l’un des tous derniers enregistrements de la session de « Radio Libération » en 1986. De retour de Landevennec (dans le Finistère), où ils avaient passé deux mois à travailler les nouveaux titres, Marc et Olivier avaient posé leurs instruments dans le 18ème arrondissement de Paris, dans les locaux quasi désaffectés de la radio libre.
Pour mieux comprendre ce titre, il faut se remettre dans le contexte où il a été enregistré. En 1986, les Fils de Joie se résument à deux personnes : Marc et Olivier de Joie. Le groupe vient de connaître une mauvaise expérience avec leur label Phonogram, qui leur a imposé une production trop lisse à leurs yeux. En 1985, les enregistrements de « J’appelle par-delà les mers » et de la deuxième version de « Adieu Paris », pilotés par Frank Darcel, génèrent des dissensions au sein du groupe qui finit par se séparer à la fin de l’année.
En voilà une chanson qui sent bon le soleil et les vagues, une vraie Madeleine de Proust pour se souvenir des vacances.
Il existe des chansons qui marquent plus que d’autres et « Ultime Pogo » en fait partie. C’est un des rares morceaux de l’album qui n’a pas été écrit, enregistré durant la première partie d’activité du groupe (1978-1986) mais en 2018. C’est le morceau ultime, celui où Olivier de Joie se tourne vers ses souvenirs.
La défaite du camp retranché de Diên Biên Phu, le 7 mai 1954 met fin à l’aventure coloniale française en Indochine commencée un siècle plus tôt. Le corps expéditionnaire Français ramenait avec lui des Indochinois qui avaient pris le parti de la France, notamment beaucoup de familles mixtes. Ces rapatriés mélangés étaient un peu les Harkis Indochinois. Bien que Français, ils furent parqués dans des conditions difficiles dans différents camps de réfugiés dont l’un des plus emblématique est celui de Sainte-Livrade dans le Lot et Garonne : le CAFI (le Camp d’Accueil des Français d’Indochine). « Indochine Souviens-toi » raconte l’histoire de ce camp à travers le destin de l’un de ses enfants : Francis « Sit » Seusse.
« J’aime bien noyer les reporters qui prennent trop de photos … Avec mon couteau de commando, si il y a des dissidents, je torture ...”. Ces quelques mots, assez violents, vous en conviendrez sont issus de « Tonton Macoute » une des chansons les plus médiatisées du groupe et surtout la face A du Maxi 45t sorti chez Phonogram en 1984. Un peu d’histoire…
« Quand reviendra l’été » est un morceau, un peu, à part dans la discographie des Fils de Joie. C’est un morceau positif ! Une vraie chanson d’été, pleine d’amour, de soleil et de vagues, une chanson que l’on a envie de partager avec des potes. Après tout, comme Olivier le chante, qui n’a pas jamais rêvé de partir en voiture un soir, sur un coup de tête avec des copains et d’aller nager dans l’océan au petit matin après avoir roulé toute la nuit ? Qui n’a pas trop bu et fait la fête jusqu’au bout de la nuit, quitte à en avoir oublié une partie au réveil ?
« Adieu Paris » est peut-être une des chansons les plus représentatives du rock français de son époque. C’est surtout un titre qui a une histoire bien particulière. Elle fut écrite en 1979 et il convient de rappeler le contexte et citant Olivier de Joie : « La fin des années 70 voit le déclin des idéologies de partage à l’échelle mondiale. Le communisme s’est discrédité, les hippies sont rentrés dans le rang, tout comme les soixante-huitards. L’idéologie libérale triomphe avec les élections de Thatcher en Angleterre (1979) ou Reagan aux États-Unis (1980) et se propage à travers le monde, portée par la puissance hégémonique des américains. Leur industrie, tout comme leur CIA ne font pas dans la nuance (rappelons le soutien à de nombreuses dictatures au prétexte de l’anticommunisme comme ce fut le cas pour Pinochet au Chili). Le climat post guerre froide est morose malgré quelques sursauts d’apparence humanistes. En France, les socialistes gagnent les élections de 1981. De nouvelles guerres pointent à l’horizon (Irak-Iran, Liban, …), le Sida de répand, et le chômage de masse devient une réalité. L’individualisme est devenu la valeur montante, les golden boys triomphent à la bourse et la jeunesse n’a plus vraiment d’idéal… Et bien, quand ça va mal, et surtout si on essaye de vous faire croire que tout va bien, tôt ou tard la culture vous ramène à la réalité … ». De l’autre côté de la Manche apparaît le mouvement Punk dont le principal message, celui des Sex Pistols, est « No Future ». Né aux environs de 1976, le mouvement gagne l’hexagone et la planète. Partout une nouvelle génération de musiciens émerge. Un vent de rébellion emporte la musique, à la fois vers un retour aux sources du rock et avec une créativité et une originalité probablement inégalée depuis bien longtemps.
Un matin de 1979, Olivier de Joie qui avait écrit un instrumental ska, jouait le riff sur sa guitare quand Daniel, futur bassiste et déjà proche du groupe, se mit à fredonner les paroles d’Havana Affair par-dessus. De fait, les trois premiers accords du riff collaient à la grille des Ramones et ni une ni deux, Daniel et Olivier se mirent à adapter le riff sur le reste de la grille. A l’image du « Satisfaction » de Devo, cette reprise deviendra l’un des morceaux phares des Fils de Joie.