Ultime Pogo

vendredi 6 septembre 2024, par Franco

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Il existe des chansons qui marquent plus que d’autres et « Ultime Pogo » en fait partie. C’est un des rares morceaux de l’album qui n’a pas été écrit, enregistré durant la première partie d’activité du groupe (1978-1986) mais en 2018. C’est le morceau ultime, celui où Olivier de Joie se tourne vers ses souvenirs.

L’histoire commence avec l’évocation d’un concert que les Fils de Joie ont donné le 15 septembre 1979 à Toulouse dans l’ancienne gare de Colomiers. Ce soir-là, ils partagent l’affiche avec un autre groupe pionnier de la nouvelle vague Toulousain : Caniveau*. Les deux groupes sont issus du mouvement punk. Ils ont évolué et développé leurs styles en écumant les facs et les rares salles de la région avant ce concert. Tous les ingrédients de la naïveté des groupes de rock de l’époque sont évoqués : la dernière cigarette avant de monter sur scène ; le Harrington ou le Perfecto selon le code de chaque tribu ; idem avec la Fender ou la Gibson pour envoyer « le riff de guitare à l’intro » ; le son assourdissant de la batterie qui entre dans la tête (Alain de Joie avait la réputation de cogner très fort). Olivier se souvient qu’il aime la scène et il cherche à être aimé par ce public de « desperados » qui n’est pas forcément nombreux à l’époque mais terriblement enthousiastes et bruyants.

Jusqu’en 1983 et grâce à l’explosion des radios libres, Les Fils de Joie connaîtront une ascension régulière portée par la sortie d’un 45T auto-produit en 1982, avec « Adieu Paris », « l’hymne souterrain d’une new wave française encore mal définie" (François Gorin, Telerama, 05/2023). La suite pourrait être résumée par la fameuse phrase d’Elliott Murphy au sujet de la pochette du Velvet Underground « le rock’n roll ne ment pas, il ne promet jamais une fin heureuse ». Les histoires de groupes « montés à Paris » pour tenter de vivre leurs rêves sont légions. Ici, Olivier nous raconte celle d’un musicien sans illusion qui tente d’en finir à la station Pyrénées en se jetant sous le métro mais qui se rate. Peut-être voulait-il simplement « tester le Perfecto avant l’Ultime Pogo ». Il ne vous dira pas si c’est une histoire vraie, juste qu’il ne peut pas s’agir d’un membre des Fils de Joie … et moi j’ai ma petite idée.

Qu’ils soient issus de la classe moyenne (comme Les Fils de Joie) ou populaire, tous rêvent de devenir des « Working Class Heroes ». Tôt ou tard, ils disparaitront avec leurs rêves et leurs angoisses (on ne fait pas du rock par hasard). Seuls les morceaux restent : « les standards sont éternels telles les questions existentielles ». La dernière phrase du morceau résume à elle seule l’histoire : « adios amigo ».

*L’ancien bassiste de Caniveau, Jean-Marc « Jomo » Leclercq, est devenu bassiste des Fils de Joie lors de la réformation en 2023.