Puisqu’il fallait partir un jour
Les Fils de Joie
mardi 11 juin 2024, par
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Dans la liste des héros de jeunesse d’Olivier de Joie, il n’y a pas que des musiciens ou des écrivains mais aussi des rebelles dont Jules Bonnot, l’anarchiste, particulièrement actif. Durant les années 1911 et 1912,
Jules Bonnot fut notamment impliqué dans plusieurs braquages sanglants avec ses complices (la fameuse bande). Réfugié dans un garage à Choisy-Le-Roi et cerné de toutes parts, il écrivit son testament, plutôt que de se rendre et préféra se battre jusqu’à la mort, le 28 avril 1912 : « Ce que j’ai fait, dois-je le regretter ? Oui… peut-être. Mais s’il me faut continuer, malgré mes regrets, je continuerai. Il me faut vivre ma vie. J’ai le droit de vivre. Tout homme a le droit de vivre, et puisque votre société imbécile et criminelle prétend me l’interdire, eh bien ! tant pis pour elle ! tant pis pour vous ». A l’image de Che Guevara, Jules Bonnot est allé au bout de ses idées et a bénéficié d’une image romantique dans les milieux anarchistes et au-delà. Au début des 80s, à une époque où le capitalisme mondialisé triomphe porté par l’Amérique de Reagan, le courage et ses convictions de Bonnot ont impressionné le jeune Olivier qui écrivit pas moins de deux titres sur lui. Le premier s’appelait « 1912 » et est toujours inédit à ce jour. « Puisqu’il fallait partir un jour » est donc le deuxième.
On peut imaginer qu’Olivier se mette à la place de Bonnot qui écrit sa dernière lettre à une femme qu’il aime. Enfermé au premier étage du garage à Choisy le Roi, ayant avec lui des armes mais entouré de nombreux policiers et militaires, il n’a aucune chance. La légende prétend que Bonnot sortit régulièrement de sa cachette pour tirer et narguer la police. Mais le plus étonnant, comme le raconte la chanson, fût qu’une foule de badauds se mit à bonne distance et observa jusqu’au bout, comme au spectacle, la fin de Bonnot. Ce simple détail fût capital pour le chanteur des Fils de Joie pour écrire son texte : « L’armée, la police, la milice, les journalistes comme les passants, ils sont venus pour voir du sang ». Et Bonnot, écrit lui-même « notre histoire était forcément sans retour », une simple phrase qui trouve un écho dans le « No Future » des Sex Pistols.
« Puisqu’il fallait partir un jour » fut écrit au début des 80s et maquetté en 1986 au Studio de Radio Libération . Le titre fût réenregistré en 2010 à Aubervilliers (Omnia Studio). C’est cette dernière version qui fut retenue sur l’album « Nous ne dansons plus la nuit ». Olivier a joué tous les instruments lors de la session, essentiellement guitares et basse (Il utilise un « bow » sur la deuxième guitare et c’est une batterie électronique qui joue). Un souvenir du romantisme politique du chanteur des Fils de Joie durant sa vingtaine.